Je suis un simple balayeur Dans une petite ville d´Amérique Je viens de voir le gouverneur Qui sortait de chez le coiffeur Avec son gros cigare
Salut, mon pote le gouverneur Hier soir, j´ai surpris ta sœur Derrière la gare des autocars On en reparlera ce soir Dans ta belle demeure
Il faut vous dire que depuis dix ans à la même heure Je vais souper tous les lundis chez le gouverneur Je suis un drôle de voyageur J´ connais toute la planète par cœur J´ai vu Hong-Kong, San Francisco Dublin, le Cap et Toronto Et la Nouvelle-Zélande Dans les cinés, à la télé Dans les bouquins à six cents balles Dans l´évasion à bon marché
De nos journaux spécialisés Qui ont d´ belles couleurs
Et parfois même, ça m´empoigne, c´est plus fort que tout Je vais vraiment par moi-même jusqu´au Sacré-Cœur J´ai été de Versailles à Bièvres En passant par Chaville et Sèvres À Meudon j´ai cru tout lâcher Car mon fidèle perroquet Était incommodé Mon verdâtre psittacidé Qui passe sa vie sur mon épaule Avait bouffé toutes mes valeurs Ma carte de train, mon porte-monnaie Et mon plan de banlieue Enfin, le comble, dans l´ métro vers minuit moins vingt
J´ai perdu mon sac avec tous les bouquins de Kerouac
Pour en revenir au gouverneur De cet état d´ mon Amérique Dont je connais très bien la sœur Et la géographie physique Et les courbes de niveau Je vais lui emprunter du fric Pour organiser un week-end Dans la forêt de Fontainebleau Avec mes copains de boulot Et leurs petites amies
(bis) A nous la grande aventure du cœur sans limite Laissez passer les échappés des murs bétonnés