Lorsque, vaincu d’un seul regard, je t’ai suivie, Plus d’un m’a dit : Encore ? À quarante ans passés ! Soit. J’ai des cheveux gris aux tempes, je le sais ;
Mais ma soif de tendresse est loin d’être assouvie.
Celui-là qui me blâme, au fond du coeur m’envie. Non ! je n’ai pas assez vécu, souffert assez, Et je vaux mieux que vous, jeunes vieillards glacés, Et l’amour est la grande affaire de la vie !
Non ! je ne deviendrai jamais pareil à vous, Dont quelques chaudes nuits font de calmes époux, Et qui n’aimez qu’un temps, comme on jette sa gourme.
Regardons-les passer, ma mie, et plaignons-les, Ces couples sans désirs qui traînent leurs boulets,
Ainsi que des forçats sous les coups de la chiourme !