Titre : Sept ballades de bonne foi Ballade de la bonne habitude
J´ai trop rimé. Je devrais clore Ma porte à cet instinct pervers. Plus une rime que j’ignore ! Que de feuillets et de revers Furent par moi d’encre couverts !
J’aurais droit à la lassitude. Mais non. Je fais toujours des vers Pour n’en pas perdre l’habitude. Poésie, ô grelot sonore,
Pour toi, que d’ennuis j’ai soufferts ! Car la foule à peine t’honore. Nos livres, rarement ouverts, Seront bientôt mangés des vers. Qu’importe ! Dans ma solitude, Je me mets la tête à l’envers, Pour n’en pas perdre l’habitude.
Puis, la blonde enfant que j’adore, Malgré mon front chargé d’hivers, Aux mois fleuris, veut bien encore Avec moi courir à travers Le bois où sifflent les piverts ;
Et je lui dis ma gratitude En rythmes légers et divers, Pour n’en pas perdre l’habitude.
ENVOI
Muse au front ceint de lauriers verts, Loin de la vile multitude, Chantons l’admirable univers Pour n’en pas perdre l’habitude.