Le mien seigneur et prince redouté Fleuron de lys, royale géniture, François Villon, que Travail a dompté A coups orbes, par force de bature, Vous supplie par cette humble écriture
Que lui fassiez quelque gracieux prêt. De s´obliger en toutes cours est prêt, Si ne doutez que bien ne vous contente : Sans y avoir dommage n´intérêt, Vous n´y perdrez seulement que l´attente.
A prince n´a un denier emprunté, Fors à vous seul, votre humble créature. De six écus que lui avez prêté, Cela piéça il mit en nourriture, Tout se paiera ensemble, c´est droiture, Mais ce sera légièrement et prêt ; Car se du gland rencontre en la forêt D´entour Patay et châtaignes ont vente, Payé serez sans délai ni arrêt : Vous n´y perdrez seulement que l´attente.
Si je pusse vendre de ma santé
A un Lombard, usurier par nature, Faute d´argent m´a si fort enchanté Qu´en prendroie, ce cuide, l´aventure. Argent ne pends à gipon n´à ceinture ; Beau sire Dieu ! je m´ébahis que c´est Que devant moi croix ne se comparaît, Sinon de bois ou pierre, que ne mente ; Mais s´une fois la vraie m´apparaît, Vous n´y perdrez seulement que l´attente.
Prince du lys, qui a tout bien complaît, Que cuidez-vous comment il me déplaît, Quand je ne puis venir à mon entente ? Bien m´entendez ; aidez-moi, s´il vous plaît : Vous n´y perdrez seulement que l´attente.