Sur la sortie 3 du métro, Il tombait des cordes ce jour-là Moi j´étais pas tellement chaud, De me prendre une douche malgré moi C´est en cherchant vite un abri,
Qu´alors j´l´ai aperçue de dos Elle qui n´avait pour parapluie Que son joli kiosque à journaux C´est l´genre de choses qui prévient pas, Surtout que d´habitude honnêtement Ceux qui vous vendent Libé, l´Huma C´est des moustachus bedonnants Quand elle s´est retournée pour de bon, En m´demandant si j´voulais d´l´aide J´suis resté figé comme un con, En un éclair j´en étais raide
J´crois qu´elle aurait pu, ce jour-là, Me refourguer n´importe quel torchon Tellement j´étais plus vraiment moi, Le cerveau en ébullition J´ai fait semblant d´chercher un peu, Pour grignoter quelques secondes
J´étais cet agent malicieux, Planqué derrière la une du Monde
Et comme dans toute bonne filature, Il s´agit pas d´se faire griller J´ai pris Charlie pour la lecture Et j´lui ai tendu un billet Quand pour me rendre 3 euros 20, Elle a choisi que des p´tites pièces Elle m´a surtout frôlé la main Et j´ai pris une claque de tendresse
Sur le chemin jusqu´à ma porte, J´me suis repassé la scène mille fois Le coup des fossettes qui ressortent, Moi j´peux pas lutter contre ça J´aurais voulu faire demi-tour, Pour l´emmener voir le Tout-Paris
J´étais même prêt à faire l´amour Entre Les Inrocks et Voici
Un peu comme une gardienne de phare, d Dans une tempête de magazines C´est elle qui trône sur le boulevard, Et aux mêmes horaire qu´à l´usine C´est l´genre de femme quand elle sourit, Elle met d´coté vos p´tits malheurs C´est l´genre de femme qui peut aussi Vous faire devenir un grand lecteur
Je passais devant matin et soir, Il a fallu un jour de pluie Pour qu´enfin je change de trottoir Et qu´une averse bouleverse ma vie Demain j´me lance et je lui tends Un p´tit café dans un gobelet
Si elle se barre pas en courant, C´est que peut-être on sait jamais C´est que peut-être on sait jamais