1. Ăa vient au monde sur la Butte, Ăa pousse, on ne sait trop comment, Et, de cabriole en culbute, Ca tombâ dans les bras dâun amant :
Un joyeux, un enfant dâMontmertre Qui, pour deux ronds dâfritâs, un beau jour Lâinitie aux chosâs de lâamour Placâ du Tertre !
2. Comme on n´peut pas vivr´ sans galette, Certain soir qu´on n´a pas briffÊ On va vendr´ des bouquets d´violettes Devant la terrass´ des cafÊs. La frimousse est originale Et tente le pinceau d´un rapin, Et l´on pose les "Diane au bain " Plac´ Pigalle !
3. La peintur´ c´est beau, mais c´est triste Et ça manquâ par trop d´essentiel ;
Ne comptez pas sur un artiste Pour vous meubler chez Dufayel. On a d´la poitrine et des hanches, On sent qu´on produit son effet, Et, sur le coup d´minuit, lâon fait La plac´ Blanche !
4. Puis, pour un nom à particule On chang´ son nom trop roturier ; On a des couronn´s majuscules Sur son bucÊphale en noyer. On s´appell´ Gislène de Brantôme, Emilienn´ de Pont-à -Mousson, Et l´on arbor´ son Êcusson Plac´ Vendôme !
5.
Ăa dure le temps d´un caprice : Paris, inconstant, s´est lassĂŠ Et passe Ă dâautres exercices, DĂŠdaignant son joujou cassĂŠ. On d´vient la fĂŠe en maillot jaune Qu´admir´nt, sur les trĂŠteaux forains, Les artilleurs du fort voisin, Plac´ du TrĂ´ne !
6. Enfin, c´est la chute et la boue, Le plaisir (quel plaisir !) offert... Puis, le dernier acte se joue La nuit, sur un trottoir dĂŠsert : Dans le frisson glacĂŠ de lâaube, Comme on enlève un chien crevĂŠ, On la ramasse suâ lâpavĂŠ Dâla placâ Maube !