M´amie, en ce temps-là, chaque année au mois d´août, Se campait sur la grève, et ça m´était très doux D´ainsi la voir en place.
Dans cette position, pour se désennuyer, Sans jamais une erreur, ell´ comptait les noyés En suçant de la glace.
Ses aimables rondeurs avaient fait à la fin Un joli petit trou parmi le sable fin, Une niche idéale. Quand je voulais partir, elle entrait en courroux, En disant : "C´est trop tôt, j´ai pas fini mon trou ; C´est pas le trou des Halles."
Près d´elle, un jour, passa superbe un ange blond, Un bellâtre, un belître au torse d´Apollon, Une espèce d´athlète. Comme mue d´un ressort, dressée sur son séant,
Elle partit avec cet homme de néant, Costaud de la Villette.
La volage, en volant vers ce nouveau bonheur, Me fit un pied de nez doublé d´un bras d´honneur, Adorable pimbêche ! J´hésite à simuler ce geste : il est trop bas. On vous l´a souvent fait, d´ailleurs je ne peux pas La guitare m´empêche !
J´eus beau la supplier : "De grâce, ma Nini, Rassieds-toi, rassieds-toi : ton trou n´est pas fini." D´une voix sans réplique, "Je m´en fous" cria-t-elle "Et puisqu´il te plaît tant,
C´est l´instant ou jamais de t´enfouir dedans : T´as bien fait "La Supplique" !"
Et je retournai voir, morfondu de chagrin, La trace laissée par la chute de ses reins, Par ses parties dodues. J´ai cherché, recherché, fébrile jusqu´au soir, L´endroit où elle avait coutume de s´asseoir, Ce fut peine perdue.
La vague indifférente hélas avait roulé, Avait fait plage rase, avait annihilé L´empreinte de ses sphères. Si j´avais retrouvé l´inestimable sceau, Je l´aurais emporté, grain par grain, seau par seau, Mais m´eût-on laissé faire ?