💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Georges Brassens
Titre : Le Grand Chene
Il vivait en dehors des chemins forestiers,
Ce n´était nullement un arbre de métier,
Il n´avait jamais vu l´ombre d´un bûcheron,
Ce grand chêne fier sur son tronc.

Il eût connu des jours filés d´or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient ;
Des roseaux mal pensant, pas même des bambous,
S´amusant à le mettre à bout.

Du matin jusqu´au soir ces petit rejetons,
Tout juste cann´ à pêch´, à peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L´histoire du chêne et du roseau.

Et, bien qu´il fût en bois, les chênes, c´est courant,
La fable ne le laissait pas indifférent.
Il advint que lassé d´être en butte aux lazzi,
Il se résolu à l´exi(l).

A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou

Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l´ai connu, je sais qu´il souffrit
De quitter l´ingrate patrie.

A l´orée des forêts, le chêne ténébreux
A lié connaissance avec deux amoureux.
" Grand chêne laisse-nous sur toi graver nos noms... "
Le grand chêne n´as pas dit non.

Quand ils eur´nt épuisé leur grand sac de baisers,
Quand, de tant s´embrasser, leurs becs furent usés,
Ils ouïrent alors, en retenant des pleurs,
Le chêne contant ses malheurs.

" Grand chên´, viens chez nous, tu trouveras la paix,

Nos roseaux savent vivre et n´ont aucun toupet,
Tu feras dans nos murs un aimable séjour,
Arrosé quatre fois par jour. "

Cela dit, tous les trois se mettent en chemin,
Chaque amoureux tenant une racine en main.
Comme il semblait content ! Comme il semblait heureux !
Le chêne entre ses amoureux.

Au pied de leur chaumière, ils le firent planter.
Ce fut alors qu´il commença de déchanter
Car, en fait d´arrosage, il n´eut rien que la pluie,
Des chiens levant la patt´ sur lui.

On a pris tous ses glands pour nourrir les cochons,

Avec sa belle écorce on a fait des bouchons,
Chaque fois qu´un arrêt de mort était rendu,
C´est lui qui héritait du pendu.

Puis ces mauvaises gens, vandales accomplis,
Le coupèrent en quatre et s´en firent un lit,
Et l´horrible mégère ayant des tas d´amants,
Il vieillit prématurément.

Un triste jour, enfin, ce couple sans aveu
Le passa par la hache et le mit dans le feu.
Comme du bois de caisse, amère destinée !
Il périt dans la cheminée.

Le curé de chez nous, petit saint besogneux,
Doute que sa fumée s´élève jusqu´à Dieu.
Qu´est-c´qu´il en sait, le bougre, et qui donc lui a dit

Qu´y a pas de chêne en paradis ?
Qu´y a pas de chêne en paradis ?