Elle avait la taill´ faite au tour, les hanches pleines, Et chassait l´ mâle aux alentours de la Mad´leine... A sa façon d´ me dir´ : "Mon rat, est-c´que j´ te tente ?"
Je vis que j´avais affaire à une débutante...
L´avait l´ don, c´est vrai, j´en conviens, l´avait l´ génie, Mais sans technique, un don n´est rien qu´un´ sale manie... Certes, on ne se fait pas putain comme on s´ fait nonne. C´est du moins c´ qu´on prêche, en latin, à la Sorbonne...
Me sentant rempli de pitié pour la donzelle, J´ lui enseignai, de son métier, les p´tit´s ficelles... J´ lui enseignai l´ moyen d´ bientôt faire fortune, En bougeant l´endroit où le dos r´ssemble à la lune...
Car, dans l´art de faire le trottoir, je le confesse, Le difficile est d´ bien savoir jouer des fesses... On n´ tortille pas son popotin d´ la même manière, Pour un droguiste, un sacristain, un fonctionnaire...
Rapidement instruite par mes bons offices, Elle m´investit d´une part d´ ses bénéfices... On s´aida mutuellement, comme dit l´ poète. Elle était l´ corps, naturellement, puis moi la tête...
Un soir, à la suite de manoeuvres douteuses, Elle tomba victim´ d´une maladie honteuses...
Lors, en tout bien, toute amitié, en fille probe, Elle me passa la moitié de ses microbes...
Après des injections aiguës d´antiseptique, J´abandonnai l´ métier d´ cocu systématique... Elle eut beau pousser des sanglots, braire à tue-tête, Comme je n´étais qu´un salaud j´ me fis honnête...
Sitôt privé´ de ma tutelle ma pauvre amie Courut essuyer du bordel les infamies... Paraît qu´ell´ s´ vend même à des flics, quelle décadence ! Y a plus d´ moralité publique dans notre France...