C´était un hôtel chic au pays des misères Un portail presqu´en or au luxe méprisant Un grand jardin fleuri sous un soleil brûlant Pour un pauvre pas moins qu´un paradis sur terre C´était un hôtel chic au pays des bergers
Des tapis rougissants sous le poids des richesses Des salons luxueux, un bar plein de promesses Tout ce qu´un bon client est en droit d´exiger C´était un hôtel chic au pays des chimères Une porte qui s´ouvre où paraît un client Des garçons en habits aux rictus souriants Prêts à se prosterner si c´était nécessaire C´était un hôtel chic comme on en voit certains Des chambres en salons on avait fait la mienne Dans un appartement que l´on coupe quand viennent Des clients de hasard qui ne sont du gratin Je ne pouvais dormir, je regardais la vie Celle que je voyais s´épancher près de moi Le contraste aveugle entre un berger sans toit Et le luxe où j´étais dont j´n´avais guère envie Je ne pouvais dormir et je prenais le pouls Du pays étranger pour mieux sentir son âme
Quand j´entendis un lit gémissant sous la flamme De voisins inconnus qui jouaient aux époux Je ne pouvais dormir, je veux bien que l´on s´aime Mais pourquoi pas sans bruit, sans soupirer si fort Sans qu´un voisin reçoive un écho du transport Quand même Je ne pouvais dormir et j´écoutais la nuit Au-delà de ces deux-là qui ne s´arrêtaient pas Et j´étais mal à l´aise et j´avais très envie De réveiller l´hôtel pour calmer leurs ébats C´est dans cet hôtel chic au pays des misères Au portail presqu´en or au luxe méprisant Au grand jardin fleuri sous un soleil brûlant Qu´au tout petit matin, j´ai fermé les paupières