Autrefois l’on jouait avec des petits riens Un vieux morceau de bois, un rayon de lumière L’enfant s’émerveillait où coule la rivière La rivière lui parlait, elle lui disait : « Tu viens ? »
Et la fillette aimait sa poupée de chiffons Elle vidait son cœur ses joies ou sa tristesse Elles parlaient ensemble en jeunes poétesses Ensemble elles chantaient comme les eaux le font
Aujourd’hui notre monde a su tant inventer De fabuleux trésors engorgeant nos vitrines Qu’il suffit de choisir, on choisit par routine L’enfant est promoteur de la publicité
Et puisque notre monde a si bien inventé Le jouet doit aussi s’efforcer de mieux plaire La poupée avant tout ne doit être ordinaire Il faut, c’est bien normal, qu’elle sache chanter La poupée avant tout ne doit être ordinaire
Il faut, c’est bien normal, qu’elle sache chanter
La fillette a tant fait qu’on s’est laissé fléchir La poupée convoitée aux airs si jolis Dont le prix était tel que c’en était folie On la lui a offerte pour combler son désir
Et celle de chiffons a fini au grenier Pauvre jouet sans âme, on ne peut pas comprendre Qu’un jour l’enfant ait pu lui dire des mots tendres Chiffon elle est chiffon, bonne pour les chiffonniers
Les choses ne sont point ce qu’on les a voulues
Notre fillette a mis son cœur en quarantaine Et chante la poupée, et chante sa rengaine Et l’enfant d’écouter, l’enfant ne chante plus Et chante la poupée, et chante sa rengaine Et l’enfant d’écouter, l’enfant ne chante plus
Autrefois l’on jouait avec des petits riens Un vieux morceau de bois, un rayon de lumière L’enfant s’émerveillait où coule la rivière La rivière lui parlait, elle lui disait: « Tu viens ? »