Le tunnel était enrhumé Les cars, les caravanes Ne pouvaient plus passer À travers la montagne Il était désolé
Mais que faire quand on est enrhumé ! Certains incriminaient Les neiges éternelles Ça vous met la santé en l’air un froid pareil Il n’est plus très jeune et qu’on le veuille ou non Il y a des infiltrations Prenons des pics, des pioches Des pelles et des marteaux piqueurs et dans les poches Des pétards mais des gros Quelque chose le gêne, on va le faire sauter Nous allons… le « désenrhumer » Bientôt de proche en proche La rumeur grondait Les pelles, les pics, les pioches Se cassaient le nez
On vit les journalistes, les radios, les télés Rappliquer pour l’interviewer Puis vinrent les spécialistes Avec leurs gros sabots Les psychanalystes Avec leur libido Et les cars de touristes Plein d’appareils photos Le tunnel en avait plein le dos On rendit l’eau bénite À monsieur le curé L’armée trouva très vite D’autres chats à fouetter Restait la magie noire, ou la bonne fée C’est alors qu’il est arrivé Un drôle de p’tit bonhomme Dans une drôle d’auto Vêtu fallait voir comme
C’était trop rigolo Il ouvre une malle, plus grosse que lui Sur laquelle il y avait écrit : « Lunettes à moustaches Poil à gratter Verre qui fait des taches Grosse araignée Chapeaux pointus et masques Grand choix de serpentins De la poudre de perlimpinpin » Il salue la foule D’un geste de la main Au milieu de la houle Se fraie un chemin Et dans un grand silence Entre dans le tunnel Le moment était solennel Plus rien ne se passe
Le temps est suspendu Alors certains se lassent Et d’autres n’y croient plus Quand soudain la terre Se met à trembler Fichtre, diantre, à éternuer Les pelles, les pics, les pioches Qu’on avait oubliés Un car et quelques gosses Qui s’étaient égarés Tout ça pêle-mêle A roulé-boulé Le tunnel a éternué Un petit courant d’air D’abord est passé Puis la montagne entière À fond a respiré Par le nez, madame
Par le nez, monsieur Par le nez, mesdames et messieurs Sans autre préambule On s’embrasse, on s’étreint On se congratule On serre des mains On lance des « hip, hip, hip, hourra » On agite un drapeau On attend la sortie du héros Le drôle de p’tit bonhomme Comme si de rien n’était Est retourné « at home » En gardant son secret On parle de malice… On parle de magie… Parle, parle, parle…