{Parlé:} Ceux qui n´ont plus vingt ans et qui n´ont plus trente ans et encore d´avantage, se souviendront peut-être d´avoir appris la géographie locale à l´aide de chansons.
On nous apprenait ainsi les comtés de la province de Québec à laquelle on n´avait pas encore l´idée de donner un autre nom. On a abandonné cette coutume, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que par ce qu´il s´est ajouté beaucoup de comtés depuis vingt ou vingt cinq ans et que la chanson serait interminable. De toutes manières avant de vous la chanter je dois vous faire un... une confidence. Je ne peux pas entendre la guitare, le son de la guitare sans me souvenir et sans parler du premier guitariste que j´ai connu. Il s´appelait Foucaud, comme le père. Y a beaucoup de pères dans la vie aussi. Il s´appelait Foucaud, il était aveugle. Il jouait sur le perron de l´église, au village, son chapeau à côté de lui.
Y avait déjà, y a vingt-cinq ou trente ans, lui, l´attelage, avec la musique à bouche, là. Il était déjà un folksinger avant le temps, il chantait aussi des protest song bien avant Bob Dylan. Il protestait contre... son infirmité d´abord, contre sa misère, contre la misère des autres qu´il voyait autour de lui, même aveugle. De toutes manières quand quelqu´un chante un pays et quel que soit le pays qu´il chante, il chante toujours un peu le pays d´où il vient
Saint-Hilaire, les pommes Et les pommiers en fleurs Et en couleurs Entre la pomme et le pommier Il y a le pommiculteur L´hiver, le printemps et l´été
Dans les vergers Nous irons chercher Saint-Hilaire, les pommes Et les pommiers Le fruit de la belle aventure La dernière pomme au pommier Après pourra venir l´hiver Nous aurons rempli nos paniers
Trois-Rivières, les potes Et les papiers Une épinette pour un cahier Un cahier pour un écolier Un écolier pour faire danser L´alphabet et le verbe aimer
Dans les moulins
Nous irons chercher Trois-Rivières, les potes Et les papiers La page blanche comme neige Où nous écrirons l´ABC De l´amour et du temps qui passe Du poème qui va nous rester
Les bois francs, L´érable et le sirop On en a jamais trop Ça rend la vie moins misérable Du pain pis du sirop d´érable Du vrai, pas du sirop de poteau
À la cabane On ira chercher Les bois francs,
L´érable et le sirop La sève monte dans les arbres Y en a qui grimpent dans les poteaux Y ferait pas encore b´en b´en chaud On a pas pris rien que du sirop
Noranda, Les mines d´Abitibi On nous avait donné des terres On a bûché semis en terre Bâti la maison, le presbytère Mais c´est pas là qu´était l´affaire
C´est à cent pieds Cent pieds sous terre Que se trouvait la belle affaire De l´or, de l´argent et du cuivre Le capital capitalise
Nous autres on a bâti l´église Et puis on a capitulé
La côte Nord, le fer Pour de l´acier On aura les bras pour le faire On a même un odieux bras de fer On a aussi les chemins de fer Qui appartiennent aux étrangers
Sur la Côte Nord On ira chercher Un jour ou l´autre la liberté Mais faudrait savoir comment faire La liberté ça se laisse pas faire Il faut la prendre puis la dompter