Mères, ne battez pas vos enfants ; laissez-les Courir dans la demeure indulgente, et poursuivre Cet idéal de bruit qui les grise, et qui livre Aux caprices du vent leurs cheveux débouclés.
Aux portes de leurs coeurs ne brisez pas les clés ! S’étourdir, trébucher, salir, pour eux c’est vivre ; Car parmi ces rieurs plus d’un est encore ivre Du paradis tout bleu dont ils sont exilés !
Les enfants n’aiment plus les parents qui se fâchent, Et leurs petits bras blancs lentement se détachent De leur cou, comme un fruit quand l’arbre est secoué.
C’est mal couper ainsi les ailes aux colombes, C’est mal faire pleurer après qu’on a joué : Laissez-leur donc leurs pleurs pour en mouiller vos tombes.