Oublier ! ce n’est pas sa faute ni la mienne ! Car l’amour n’est vraiment qu’une bohémienne Arrêtée un matin devant notre maison
Avec, dans ses yeux clairs, tout le vaste horizon Du ciel bleu reflété comme au fil d’une source. La voyageuse va recommencer sa course, Mais, dans un frôlement, ses longs doigts cajoleurs Papillonnent autour de sa guitare en fleurs Dont le manche courbé ressemble au cou des cygnes. Elle a vagabondé sous bois et dans les vignes Et nous chante un moment la chanson d’oublier. Coquette, elle nous tend son rouge tablier Et demande en passant notre coeur pour aumône. Et nous, hallucinés par ses yeux d’anémone Et son costume clair enrichi de festons, Nous ouvrons la fenêtre et nous le lui jetons. Mais voici qu’aussitôt la belle se dérobe Emportant notre coeur dans les plis de sa robe
Pour s’en aller plus loin chanter et mendier Sous le soleil du soir qui va s’incendier !