đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

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Artiste : Georges Rodenbach
Titre : Dimanches
Morne l’aprùs midi des dimanches, l’hiver,
Dans l’assoupissement des villes de province,
OĂč quelque girouette inconsolable grince
Seule, au sommet des toits, comme un oiseau de fer !

Il flotte dans le vent on ne sait quelle angoisse !
De trùs rares passants s’en vont sur les trottoirs :
PrĂȘtres, femmes du peuple en grands capuchons noirs,
Béguines revenant des saluts de paroisse

Des visages de femme ennuyés sont collés
Aux carreaux, contemplant le vide et le silence,
Et quelques maigres fleurs, dans une somnolence,
AchÚvent de mourir sur les chùssis voilés.

Et par l’écartement des rideaux des fenĂȘtres,
Dans les salons des grands hĂŽtels patriciens
On peut voir, sur des fonds de gobelins anciens,
Dans de vieux cadres d’or, les portraits des ancĂȘtres,

En fraise de dentelle, en pourpoint de velours,
Avec leur blason peint dans un coin de la toile,
Qui regardent au loin s’allumer une Ă©toile
Et la ville dormir dans des silences lourds.

Et tous ces vieux hĂŽtels sont vides et sont ternes ;
Le moyen ùge mort se réfugie en eux ;
C’est ainsi que, le soir, le soleil lumineux
Se réfugie aussi dans les tristes lanternes.

O lanternes, gardant le souvenir du feu
Le souvenir de la lumiĂšre disparue,
Si tristes dans le vide et le deuil de la rue
Qu’elles semblent brĂ»ler pour le convoi d’un Dieu !

Et voici que soudain les cloches agitées
Ébranlent le Beffroi debout dans son orgueil,
Et leurs sons, lourds d’airain, sur la ville au cercueil
Descendent lentement comme des pelletées !