Un Saint béni de Dieu, dans sa calme cellule, S’occupait à tresser des brins de paille d’or ; Il travaillait, fervent, comme une lampe brûle, Inattentif aux bruits vagues du corridor.
Mais même la blancheur fait ombre ; sa tunique, Quoique blanche, tachait d’une ombre le mur blanc. Cependant il songeait que l’ombre était unique, Et qu’étant solitaire, il était ressemblant ! Donc il oeuvrait sans cesse avec la paille folle Et s’en faisait un nimbe, une souple auréole, Auréole d’or pâle, auréole de clair De lune avec laquelle il avait toujours l’air D’un Saint comme on en voit peints dans les vieilles bibles ? Tel le poète, aussi, tisse ses vers flexibles Pour occuper ses doigts dans l’attente du ciel, Et de ces brins de paille, il ceint son front profane Et s’en nimbe, par jeu, comme d’un or réel, Auréole d’un or fragile, qui se fane !