đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đ€đ
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Si vous rencontrez trop souvent - Parmi ces vers noirs et moroses Que jâĂ©cris le soir en rĂȘvant Le cortĂšge des enfants roses ; Si vous trouvez trop de blondins, Câest ainsi que je les appelle, Trahissant par des cris badins Leur adorable ribambelle, Câest quâau fond je les aime tant : Ils sont tous blonds, Ă©tant lâaurore ; Rien quâĂ les voir, je suis content ; QuâĂ leur parler, je mâamĂ©liore. Ils sont blonds comme une moisson, Ătant une moisson eux-mĂȘme ; Et gardent le chaste frisson De la main de Dieu qui les sĂšme. DâoĂč viennent-ils ? Câest un secret ; Mais ils ressemblent Ă des anges ; Et si lâon osait, on irait Chercher des ailes sous leurs langes. Dans leurs berceaux quâils sont jolis Sous les petits rideaux de gaze ; Leur grosse tĂȘte fait des plis A la chair du bras quâelle Ă©crase. Ils dorment, lassĂ©s de leurs jeux, La bouche ouverte, avec paresse ; Un pied blanc, hors des draps neigeux, Semble chercher une caresse. Un peu plus grands, sur les tapis Ils gambadent Ă quatre pattes JusquâĂ ce quâils soient assoupis Et sây couchent comme des chattes. Ils commencent Ă bĂ©gayer Des phrases qui sont des Ă©bauches ; Eux-mĂȘmes semblent sâĂ©gayer De leurs essais tendrement gauches. Ils ont dâimperceptibles mots Qui sont pareils aux fraĂźches notes Dont se servent dans les rameaux Les pinsons causant aux linottes. Puis leur langue obĂ©it soudain Et dĂ©s lors sâagite et babille, Quand on les lave, le matin, Le soir, quand on les dĂ©shabille. Ce sont des questions sans fin : « Quel est ce fruit ?⊠quel est ce livre ?⊠« Pourquoi la soif, pourquoi la faim ?⊠« Pourquoi lâĂ©tĂ©, pourquoi le givre ?⊠« La lune, pourquoi lâaccrocher « A ce ciel quâon ne peut atteindre ? « Câest sans doute pour empĂȘcher « Que les enfants nâaillent lâĂ©teindre. « Pourquoi ce tic-tac rĂ©gulier « Dans la vieille horloge de marbre ? « Pourquoi la rosĂ©e en collier « Suspendue aux branches de lâarbre ? « Pourquoi ces petits en lambeaux « Quand eux ont mis leur robe blanche ; « Pourquoi gardent-ils leurs sabots, « Pour eux nâest-ce donc pas dimanche ? » Câest ainsi quâils veulent tout voir, Tout pĂ©nĂ©trer et tout comprendre ; Et nous qui croyons tant savoir, Nous ne savons rien leur apprendre. Avec leur droit petit bon sens Ils troublent notre esprit superbe : Dieu fixe les chĂȘnes puissants A terre comme les brins dâherbe. Câest surtout vers cinq ou six ans Quâils sont Ă ce point adorables Quâils font pĂąlir les vers luisants, Quâils font sâincliner les Ă©rables. Ils ont des sourires frĂ©quents En tenant un doigt dans leurs bouches ; Et, comme nous, inconsĂ©quents, Ils tirent les ailes des mouches, Ayant pourtant le cĆur si bon Quâils sâattristent Ă voir des vieilles Glaner des dĂ©bris de charbon Pour rĂ©chauffer un peu leurs veilles. Oh ! comme ils jasent prĂ©s de nous Dans leur langage pittoresque ; Lorsquâils grimpent sur nos genoux, Nous redevenons enfants presque, Nous nous amusons avec eux, Nous leur racontons des histoires OĂč de grands ogres belliqueux, Au fond de leurs laboratoires, Font distiller leur noirs venins Dans des marmites bien chauffĂ©es, Pour dĂ©truire ces maudits nains Qui seront sauvĂ©s par des fĂ©es. Quâils sont coquets, quâils sont charmants ! Tous ces Astyanax dâHomĂšre, Lisant leurs petits compliments A la fĂȘte des pĂšre et mĂšre ! O les bouquets ! ĂŽ les prĂ©sents ! Les Ćufs de PĂąques, les arbustes, Les souvenirs des premiers ans, Des jours sereins, des jours robustes I Enfants, vous nous rendez ce temps Qui par vous semble proche encore ; Nous revivons notre printemps Et nous revivons notre aurore. VoilĂ pourquoi jâai si souvent, Au lieu des tristesses banales, ĂvoquĂ©, le soir en rĂȘvant, Ces folles tĂȘtes virginales !⊠Je suis semblable au voyageur Qui monte le flanc des collines Pour aller parcourir, songeur, Quelque vieux manoir en ruines ; Puis arrivĂ© lĂ -haut, sĂ©duit Par lâopaque et fraĂźche ramure DâoĂč le soleil matinal luit Dans le filet dâeau qui murmure, GrisĂ© par ce vent des sommets Que heurte seul le vol des aigles, Il ne voudra plus dĂ©sormais Que se coucher le long des seigles, Et quâĂ©couter les nids chanteurs, Et quâeffeuiller des aubĂ©pines, Et quâen aspirer les senteurs, â Au lieu dâaller dans les ruines !âŠ