Quand j’entends un amant trahi qui se lamente Qui maudit le printemps pour un arbre sans nid, Qui trouve l’amour faux puisque fausse est l’amante Comme un soleil qu’on voit par un vitrail terni,
Quand il s’enferme seul, les longs soirs de novembre, Brûlant tout : des cheveux, des lettres, des sachets, Et que des rais de pluie aux vitres de sa chambre Viennent appesantir leurs douloureux archets,
Quand, sur la trahison, la tendresse l’emporte Et que, pour oublier ce soudain abandon, Il s’en va dans la nuit rôder devant sa porte Pour envoyer vers elle un essai de pardon,
Alors je songe à ceux ? les plus las, les plus tristes ! ? Qui n’ont jamais connu la douceur d’être amant ; Les mendiants d’amour, les mornes guitaristes
Le Solitaire part à travers la bourrasque ; Il regarde la lune et lui demande accueil, Mais la lune lui rit avec ses yeux de masque Et les astres luisants sont des clous de cercueil.