đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

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Artiste : Georges Rodenbach
Titre : Promenade
Combien mélancolique était la promenade
Trois par trois, en automne, aux fins d’aprùs-midi,
Lorsque nous traversions un faubourg engourdi
OĂč sortait des maisons pauvres une odeur fade.

En longue file noire et morne, nous allions
Comme enrégimentés et nous parlant à peine
A travers la banlieue isolée et malsaine
Ecoutant dans le soir mourir les carillons.

Nous subissions déjà le coudoiement hostile
Des compagnons méchants qui nous faisaient souffrir :
Car ce sont les plus doux qu’on s’acharne à meurtrir.
Les plus inoffensifs des oiseaux qu’on mutile.

Nous marchions vers les champs comme des orphelins.
Sans jouer, sans pouvoir cueillir des fleurs aux berges ;
Quelques orgues pleuraient au loin dans des auberges

Et le ciel s’endeuillait aux ailes des moulins.

Parfois des paysans, au bord d’un prĂ© qu’on fauche,
Tristes en nous voyant l’allure dans le vent
Des troupeaux rĂ©signĂ©s qu’un chien pousse en avant,
Nous tiraient leur bonnet avec un geste gauche.

Mais quand nous rentrions en ville, aux soirs tombants,
Si nous croisions le long des murs percés de grilles
Un long pensionnat de pĂąles jeunes filles
Portant des chapeaux ronds sans fleurs et sans rubans,

Et si l’une aux yeux clairs avec un fin corsage

OĂč des seins nouveau-nĂ©s suspendaient leurs fardeaux,
Avec des cheveux blonds long-tressés sur le dos,
Si l’une avait souri doucement au passage,

Le rĂȘve Ă©tait exquis ! et, rentrĂ©s au dortoir,
- La mémoire des yeux nous aidant la pensée
C’était quelque lointaine et vague fiancĂ©e,
Et nous nous endormions, l’ayant aimĂ©e un soir !