Le Tendre s´endormait, des ficelles plein les poches Et les oiseaux des bois gardaient leur liberté Une bouteille de cidre, dans l´herbe sur sa gauche
Il regardait le ciel, des fleurs pour oreiller
Il y avait des gens qui lui offraient à boire Mais il y avait les autres qui refusaient ses fleurs Sur l´étang il ramait à l´envers de la barque Puis il criait : "Debout ! Je descends vers..."
Le Tendre qu´on appelait le Fou des Grandes Terres Sa famille ruinée le laissait dans sa vie Les enfants de l´école, oh, lui jetaient tant de pierres Que quand elles l´atteignaient, il riait, tout surpris
Le Tendre qu´on appelait le Fou des Grandes Terres
Il jouait dans les champs, sur un harmonica Et il n´obéissait qu´aux seuls ordres du maire Quand en haut du clocher il criait : "Sauvez-moi !"
C´est un éclat d´obus à la dernière guerre Qui, un jour de printemps, avait brisé son front Parfois au garde-à-vous et des heures entières Devant le monument, il pleurait pour...
Le Tendre qu´on appelait le Fou des Grandes Terres Baptisait les moissons et les danseurs des bals
Quand elle l´a renversé, cette auto sur la route Le village en entier l´a regardé mourir Puis une couverture, sur ses yeux, sur sa bouche Et les gendarmes ont dit : "Il n´a pas dû..."
Le Tendre qu´on appelait le Fou des Grandes Terres Avait de par chez nous les rivières et les bois Les enfants à jamais, oh, n´ont plus jeté de pierres Ils ont grandi d´un coup de dix ans ce soir-là