Regardez, regardez comme il est beau ! Ça, c´est un sacré bateau ! C´est le plus beau bateau qu´ j´aie jamais vu, Même que j´en ai jamais vu.
Grand et fier et blanc comme un loup, C´est l´plus beau de nos bateaux à roues. Dès que la sirène a fait tou tou tou, Tout´ la ville est dev´nue fou. On se précipite sur le ponton En guêpière et en caleçon.
V´là la passerelle qui touche au quai. Les voyageurs vont débarquer. Les demoiselles passent en premier. Déjà on s´fout sur la gueule pour porter leurs paniers.
Regardez, regardez comme il est beau ! Ça, c´est un sacré bateau ! Ah, bon Dieu ! ce soir ça ira bon train, Les pucelles et les putains.
Bienvenus avec vos dollars, Y a du jeu, de l´amour, du hasard. Le barman, une main sur la pompe à bière Et un oeil sur la caissière, Et les messieurs-dames qui font la queue Pour prendre un p´tit pain à deux.
Pendant ce temps-là, chez l´gouverneur, Les officiers rendent les honneurs Et l´capitaine sous le billard Explique à une lady toutes les règles de l´art.
Et voilà l´sheriff et le vieux pasteur Enlacés comme frère et soeur. On saura jamais lequel des deux Est à voile ou à vapeur.
Garde à vous, pied à terre et rompez les rangs.
Au saloon, escadron en avant ! Elle s´est fait de l´or, la petite Daisy, Une ancienne de Paris Qui a fait l´bonheur de tout l´Far-West, De Santa Fé à Budapest.
Comme toute la ville est décharnée, Y a plus d´vertu sous les corsets Et les amoureux sous le moonlight Se font des "i", des "a", des "o", des "kiss me goodnight".
N´oubliez jamais comme il était beau ! C´était un sacré bateau, Un bateau comme ça, t´en avais jamais vu, Et t´en r´verras jamais plus.