N´en veuillez pas à ma complainte Qui m´est venue de l´air du temps Plus vieille que moi de vingt ans C´est dans ma tête qu´elle tinte Depuis longtemps
Je l´ai reconnue entre maintes
Elle est de quand j´aurai dans l´aile Le plomb qui vous aura déplu De quand vous ne m´aimerez plus Mes amis qui m´êtes fidèles Quand j´aurai eu Ma part de retour d´hirondelle À vivre demain tout de suite Cela me fait peu d´aujourd´hui Si je m´attarde au bord d´un puits À boire trop peu et trop vite Une eau qui fuit C´est que ma course est bien petite
Je ne sais ce qu´il vous en semble Mais nous aurons touché du doigt La surface des autrefois
Qui ne nous ont pas vus ensemble Et sous le toit C´est toute la maison qui tremble
À vous parler de mon village J´avais vu la ville à l´envers Une île à tort et à travers À plus de ports et plus de plages Et l´eau et l´air Et le partage des nuages
En voulant tromper ma fatigue L´ennui, la peur, la nuit, le froid J´ai chaussé d´un pied maladroit Le soulier vivant de la gigue Ce pas de quoi Se passer d´arme, aussi d´intrigue J´ai remarqué que l´or en poudre
L´argent, le fer, le plomb surtout Faisaient toujours les mêmes trous Dans les hommes longs à recoudre Toujours debout Le héros attire la foudre
J´aime à faire aussi révérence En l´an mil neuf cent vingt qui vient À celles dont je me souviens Et qui me sont mes espérances Mon quotidien Et ma parole et mon silence
Souvenez-vous que je me nomme En essayant de vous nommer Qu´il me fut doux de vous aimer Entre le serpent et la pomme Mes yeux fermés