Théo m´a dit qu´il l´avait vu en revenant de ses collets Il l´avait aperçu très loin, par su´ les plaines
Était tout habillé en gris, on aurait dit qu´i´ s´en allait Droit au nord de la montagne Bleue, ni chien, ni traîne I´ s´en allait
S´en allait-il poser des pièges? Pour prendre qui, pour prendre quoi? Sans traces de pas sur la neige Allez lui demander pourquoi Mais ce qui te ferait plaisir ici C´est un bel air de mon pays Que´que chose comme Tam ti delam di dela di dela delam…
Mais au milieu de ma gigue Je me retrouve dehors Nuit et froidure et fatigue
Et je m´en vais vers le nord
Il est tout seul, il repart vers le nord du nord
Paulo m´en a conté autant, j´avais tendu pour le castor J´en avais deux, mets dans mon sac, prends mes raquettes À pas trois pas j´arrive à lui: c´que vous allez? I´ dit: au nord Minute après, disparaissait dans la tempête Il avait dit:
Je ne sais pas comment on chasse J´ai peur des pièges qu´on me tend Je passe sans laisser de trace L´autre côté du nord m´attend
Mais ce qui te ferait plaisir ici C´est un bel air de mon pays Que´que chose comme Tam ti delam di dela di dela delam… Mais au milieu de ma danse Le vent m´appelle et je sors Et c´est la nuit qui s´avance Et c´est le froid qui me mord
Il s´en va seul, il voit déjà le nord du nord
Beau clair de lune et vent coupant, le pas léger sur le verglas Avec Tit-Zèbe on sait jamais, quand il ajoute: Aurait parlé la nuit avec, avait des pièges à loups par là Le gars jasait, tu peux penser, Tit-Zèbe écoute Il aurait dit:
Je m´en vais tout droit sur le pôle Je fuis le soleil et la mer J´ai mon pays sur mes épaules Je le mène vivre en hiver
Mais ce qui te ferait plaisir ici C´est un p´tit air de mon pays Que´que chose comme Tam ti delam di dela di dela delam…
Mais au milieu de la fête Où ma jeunesse s´endort Nuit, poudrerie et tempête Gigue de gel et de mort Il est tout seul, est bien rendu au nord du nord
L´après-midi qu´il est passé, y avait personne au restaurant
Il a jasé une heure avec la Marie-Ève Ça fait jaser les alentours, i´ a laissé un gros diamant En demandant de l´oublier, c´est comme un rêve Il aurait dit:
Je voyage à contre-jeunesse À contre-courant du bonheur Le lendemain pendant la messe La Marie-Ève était en pleurs
Ah! ce qui lui ferait plaisir ici C´est un vieil air de ce pays Que´que chose comme Dans le livre d´or de nos souvenirs Où sont inscrits nos peines et nos plaisirs Il est une page rose
Mais les mots de la rengaine Parlaient de soleil et d´or Et les chemins qui m´emmènent Partent de nuit vers le nord
Il marche encore, a dépassé le nord du nord
Aurait aidé le jeune à Frid à débiter un gros sapin Puis en retour s´est fait conduire à la cabane Dans la cabane on a trouvé, côté du sud, comme un dessin La Marie-Ève avec une fleur qui se fane Et puis d´écrit:
Quand j´aurai dépassé vos pièges Les loups mangeront dans ma main Saison qui vient, première neige
On retrouvera mon chemin
Quand j´aurai dépassé vos pièges Les loups mangeront dans ma main Saison qui vient, première neige On retrouvera mes chemins