Un vieux caillou presque tout rond Avec trois arbres squelettiques Et trente pas de sable blond… une île Le vent de noroît Un jour m´a surpris
Cherchant un abri Revenant de pêche Des goélands gris Me criaient: Dépêche! Je les ai suivis Depuis des années Je connais par cœur Les bois de marée Qui l´ont découverte Et les goélands Qui me l´ont offerte Y cachent leurs nids Une île qui n´a pas de nom M´attend sur la mer Atlantique C´est un caillou presque tout rond Avec trois arbres squelettiques Et trente pas de sable blond… une île Des bouts de filets
Des bouées perdues Souvent des tolets Des fois, une rame Le banc d´un canot Demain son étrave Si ça reste au beau La pomme d´un mât Cassé à son flèche Et quelques bouteilles Sans aucun message J´en dors et j´en veille Ce sont mes naufrages Ce sont mes trésors Une île qui n´a pas de nom M´attend sur la mer Atlantique C´est un caillou presque tout rond Avec trois arbres squelettiques Et trente pas de sable blond… une île
Les grands bâtiments Chargés de tracas N´en approchent pas Même à marée haute Ce sont des hauts-fonds Qui gardent la côte En montrant les dents Pour y aborder Ça dépend de l´heure Du vent, des courants Du mois, de la lune Le meilleur moment C´est par temps de brume Au soleil levant Une île qui n´a pas de nom M´attend sur la mer Atlantique C´est un caillou presque tout rond Avec trois arbres squelettiques
Et trente pas de sable blond… une île Je n´y bâtirai Ni quai ni maison Je n´y inscrirai Qu´un nom sur le sable Le vent et la mer Restent responsables Ils l´effaceront Quand je n´aurai plus Le vent dans ma toile Quand j´aurai vendu Le nord et l´étoile Vous entendrez dire Il a mis les voiles Il est devenu Un vieux caillou presque tout rond Avec trois arbres squelettiques Et trente pas de sable blond… une île