đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

 A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z   0   1   2   3   4   5   6   7   8   9 
Artiste : Guillaume Apollinaire
Titre : Arbre
A Frédéric Boutet.

Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent
OĂč sont les aveugles oĂč sont-ils allĂ©s

La seule feuille que j’aie cueillie s’est changĂ© en plusieurs mirage
Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marchĂ©
Ispahan s’est fait un ciel de carreaux Ă©maillĂ©s de bleu
Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon

Je n’ai pas oubliĂ© le son de la clochette d’un marchand de coco
d’autrefois
J’entends dĂ©jĂ  le son aigre de cette voix Ă  venir
Du camarade qui se promĂšne avec toi en Europe
Tout en restant en Amérique

Un enfant

Un veau dĂ©pouillĂ© pendu Ă  l’étal
Un enfant
Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’est
Un douanier se tenait lĂ  comme un ange
À la porte d’un misĂ©rable paradis
Et ce voyageur Ă©pileptique Ă©cumait dans la salle d’attente des premiĂšres

Engoulevent Blaireau
Et la Taupe-Ariane

Nous avions loué deux coupés dans le transsibérien
Tour Ă  tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi
Mais celui qui veillait ne cachait point un revolver armé

Tu t’es promenĂ© Ă  Leipzig avec une femme mince dĂ©guisĂ© en homme
Intelligence car voilà ce que c’est qu’une femme intelligente
Et il ne faudrait pas oublier les légendes
Dame-Abonde dans un tramway la nuit au fond d’un quartier dĂ©sert
Je voyais une chasse tandis que je montais
Et l’ascenseur s’arrĂȘtait Ă  chaque Ă©tage

Entre les pierres
Entre les vĂȘtements multicolores de la vitrine
Entre les charbons ardents du marchand de marrons
Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen
Il y a ton image

Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande

Ce beau nĂšgre en acier

La plus grande tristesse
C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne

Le vent vient du couchant
Le métal des caroubiers
Tout est plus triste qu’autrefois
Tous les dieux terrestres vieillissent
L’univers se plaint par ta voix
Et des ĂȘtres nouveaux surgissent
Trois par trois