đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

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Artiste : Guillaume Apollinaire
Titre : Le brasier
A Paul-Napoléon Roinard

J’ai jetĂ© dans le noble feu
Que je transporte et que j’adore
De vives mains et mĂȘme feu

Ce PassĂ© ces tĂȘtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux

Le galop soudain des étoiles
N’étant que ce qui deviendra
Se mĂȘme au hennissement mĂąle
Des centaures dans leurs haras
Et des grand’plaintes vĂ©gĂ©tales

OĂč sont ces tĂȘtes que j’avais
OĂč est le Dieu de ma jeunesse
L’amour est devenu mauvais
Qu’au brasier les flammes renaissent
Mon Ăąme au soleil se dĂ©vĂȘt

Dans la plaine ont poussé des flammes
Nos coeurs pendent aux citronniers
Les tĂȘtes coupĂ©es qui m’acclament

Et les astres qui ont saigné
Ne sont que des tĂȘtes de femmes

Le fleuve épinglé sur la ville
T’y fixe comme un vĂȘtement
Partant à l’amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles

***

Je flambe dans le brasier à l’ardeur adorable
Et les mains des croyants m’y rejettent multiple innombrablement
Les membres des intercis flambent auprĂšs de moi
Éloignez du brasier les ossements

Je suffis pour l’éternitĂ© Ă  entretenir le feu de mes dĂ©lices
Et des oiseaux protĂšgent de leurs ailes ma face et le soleil

Ô MĂ©moire Combien de races qui forlignent
Des Tyndarides aux vipĂšres ardentes de mon bonheur
Et les serpents ne sont-ils que les cous des cygnes
Qui Ă©taient immortels ey n’étaient pas chanteurs
Voici ma vie renouvelée
De grands vaisseaux passent et repassent
Je trempe une fois encore mes mains dans l’OcĂ©an

Voici le paquebot et ma vie renouvelée

Ses flammes sont immenses
Il n’y a plus rien de commun entre moi
Et ceux qui craignent les brûlures

***

Descendant des hauteurs oĂč pense la lumiĂšre
Jardins rouant plus haut que tous les ciels mobiles
L’avenir masquĂ© flambe en traversant les cieux

Nous attendons ton bon plaisir ĂŽ mon amie

J’ose à peine regarder la divine mascarade

Quand bleuira sur l’horizon la DĂ©sirade

Au-delĂ  de notre atmosphĂšre s’élĂšve un théùtre
Que construisit le ver Zamir sans instrument
Puis le soleil revint ensoleiller les places
D’une ville marine apparue contremont
Sur les toits se reposaient les colombes basses

Et le troupeau de sphinx regagne la sphingerie
A petits pas Il orra le chant du pĂątre toute la vie
Là-haut le théùtre est bùti avec le feu solide
Comme les astres dont se nourrit le vide

Et voici le spectacle
Et pour toujours je suis assis dans un fauteuil

Ma tĂȘte mes genoux mes coudes vain pentacle
Les flammes ont poussé sur moi comme des feuilles

Des acteurs inhumains claires bĂȘtes nouvelles
Donnent des ordres aux hommes apprivoisés
Terre
Ô DĂ©chirĂ©e que les fleuves ont reprisĂ©e

J’aimerais mieux nuit et jour dans les sphingeries
Vouloir savoir pour qu’enfin on m’y dĂ©vorĂąt