Je me jette vers toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude Et puis il y a aussi une contradiction qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir
En face de moi la paroi de craie s´effrite Il y a des cassures De longues traces d´outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce Moi j´ai ce soir une âme qui s´est creusée qui est vide On dirait qu´on y tombe sans cesse et sans trouver de fond Et qu´il n´y a rien pour se raccrocher Ce qui y tombe et qui y vit c´est une sorte d´êtres laids qui me font mal et qui viennent de je ne sais où Oui je crois qu´ils viennent de la vie d´une sorte de vie qui est dans l´avenir dans l´avenir brut qu´on n´a pu encore cultiver ou élever ou humaniser
Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire C´est aujourd´hui c´est ce soir et non toujours Heureusement que ce n´est que ce soir Les autres jours je me rattache à toi Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs En imaginant ta beauté Pour l´élever au-dessus de l´univers extasié Puis je pense que je l´imagine en vain Je ne la connais par aucun sens Ni même par les mots Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain Existes-tu mon amour Ou n´es-tu qu´une entité que j´ai créée sans le vouloir Pour peupler la solitude Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient douées pour moins s´ennuyer
Je t´adore ô ma déesse exquise même si tu n´es que dans mon imagination