i je mourais là-bas sur le front de l’armée Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l’armée Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace Couvrirait de mon sang le monde tout entier La mer les monts les vals et l’étoile qui passe Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace Comme font les fruits d’or autour de Baratier
Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie - Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur - Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
30 janvier 1915, Nîmes.
La nuit descend On y pressent Un long destin de sang