Pour une femme morte dans votre hôpital, je réclame, Dieu, votre grâce. Si votre paradis n´est pas ornemental, gardez-lui sa petite place. La voix au téléphone oubliait la pitié;
alors j´ai couru dans la ville. Elle ne bougeait plus déjà d´une moitié, l´autre est maintenant immobile. Bien qu´elle fût noyée à demi par la nuit, sa parole était violence. Elle m´a dit: "Appelle-moi ce docteur", et lui, il a fait venir l´ambulance. O temps cent fois présent du progrès merveilleux, quand la vie et la mort vont vite, où va ce chariot qui court dans l´Hôtel-Dieu, l´hôtel où personne n´habite? D´une main qui pleurait de l´encre sur la mort, il fallut remplir quelques fiches. Moi, je pris le métro, l´hôpital prit son corps, ni lui ni elle n´était riche. Je revins chaque fois dans les moments permis,
j´apportais quelques friandises. Elle me grimaçait un sourire à demi, de l´eau tombait sur sa chemise. Elle ne bougeait plus, alors elle a pris froid: on avait ouvert la fenêtre, une infirmière neutre aux gestes maladroits - en son hôtel Dieu n´est pas maître. Ma mère embrassa, sur la main me bénit, - et moi, je ne pouvais rien dire - en marmonnant "Allons, c´est fini, c´est fini", toujours dans un demi-sourire. Cette femme a péché, cette femme a menti, elle a pensé les choses vaines. Elle a couru, souffert, élevé deux petits si l´autre vie est incertaine. Et si vous êtes là, et si vous êtes mur, que sa course soit terminée! On l´a mise à Pantin dans un coin près du mur.