Guy, mon père, n´use point à rien faire son pourpoint. Pas de fête qu´il n´apprête, casqu´en tête, dague au poing. Mon grand-père navarrois
fit la guerre pour la croix sous Alonze Cœur de bronze en l´an onze cent vingt-trois.
Moi, leur mince suppléant, suis le prince fainéant. Mon bras casse, s´il déplace leur cuirasse de géant.
Jean de Mesme, mon aïeul, qui dort blême au linceul, dans Toulouse la jalouse, contre douze luttait seul. Mes ancêtres, fort vantés, portaient, maîtres des comtés, sur la marge d´un dos large une charge de cités.
Moi, leur mince suppléant, suis le prince fainéant. Mon bras casse, s´il déplace leur cuirasse de géant.
Car d´entailles moins friand, des batailles souriant, tout me lasse: fêtes, chasse, dire "Grâce!" en priant. Même aux belles j´ai mépris, et loin d´elles mon cœur pris laisse, en somme, faire un somme aux cerfs, comme aux maris.
Moi, leur mince suppléant, suis le prince fainéant. Mon bras casse, s´il déplace leur cuirasse de géant.