Je viens de loin, comme toi Et, il y a quelques années, avec les miens, je m´y revois C´est comme si j´y étais, et
Une sublime aurore boréale effleure de son voile de mousseline mon regard Nous avançons dans ce désert de glace, sans nourriture, hélas, l´hiver, les proies se font rare Le froid engourdit mes membres, mes forces ont pris la fuite Des flocons perlent sur mes cheveux de cendres, je ne suis que le fossile d´un chef inuit Mes pieds chuchotent à mes bottes en peau d´phoque Des épopées d´une autre époque Où j´étais vif, souple et imprudent Maintenant, je ralentis mon groupe, je suis trop lent Mon reflet me dévisage, chaque soir, la vieillesse me donne le sein Mes regrets m´apparaissent comme des mirages, mon histoire touche à sa fin
J´ai appris à mes enfants à construire des igloos, à chasser le morse et le caribou Mais leur estomac noué prédit que, dans très peu de temps, ils m´abandonneront devant la porte du néant Et ils m´ont abandonné sur un bout d´banquise Le bout d´banquise a fini par fondre et, comme par miracle, j´ai flotté J´ai flotté des mois entiers, voire des années Jusqu´au jour où un pêcheur m´a sauvé Cet homme m´a recueilli, il a partagé ses repas et sa hutte avec moi Un matin, il est parti pêcher, seul son corps est revenu C´est pour cet homme que l´on chante aujourd´hui Pour ce fils qu´une mère ne reverra plus
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