On a beau dire, on a beau dire que le temps passe vite On s´en rend compte toujours trop tard Nos souvenirs s´effritent, on attend la suite
On fait des p´tits tas d´ces instants trop rares
Petite partie d´belote avec pépé, mémé tricotte J´m´ennuie, comme chaque été, j´suis loin d´mes potes Les yeux dans l´vague, je grimpe aux arbres et je sifflote J´combats les monstres imaginaires comme Don Quichotte Pépé écoute mes anecdotes, j´parle que d´cinéma Sur un sentier d´montagne, en short, sous les épicéas Maman vient d´accoucher, papa s´achète un camescope Ma sœur, c´est sa nouvelle mascotte
Chaque mercredi avec Laurent et Kakadi On s´fait des burritos, on loue des films, on s´avachit Papa travaille la nuit avec son groupe de mariachis Souvent, il reste au lit ou compose sur son Atari Bercé par ses mélodies, obsédé par les filles du lycée Premier spliff sur fond de rap et fous rires alcoolisés Ma sœur et moi, on parle moins, nos liens sont distendus La nuit, j´dors plus, j´regarde des films de Ku...brick J´ai jamais rien vu d´aussi beau, jamais rien senti d´aussi fort La femme que j´aime a fabriqué ce tout p´tit corps
Elle m´appelle déjà "papa", j´suis son mentor Parfois, elle m´parle et j´écoute pas, j´ai tellement tort Parce que, ces phrases, elle les répètera pas On a beau dire qu´on n´vit qu´une fois pas, au fond, on n´y croit pas Maintenant, j´ai trois enfants qui jouent, des étoiles dans les yeux J´profite de ma famille et savoure ces instants précieux On a beau dire, on a beau dire que le temps passe vite On s´en rend compte toujours trop tard Nos souvenirs s´effritent, on attend la suite On fait des p´tits tas d´ces instants trop rares
Tempêtes de fin d´siècle, coupure d´électricité Des zombies sous mon lit veulent me grignoter les pieds Mais j´ai pas peur, vu qu´t´es dans la chambre à côté Avec tes prises de judo, tu vas tous les démonter Papa nous récupère à la gare, maman rigole Main dans la main en ribambelle, et je décolle J´aimerais qu´on vive ensemble pour l´éternité Mais, parfois, la nuit, j´entends des pleurs étouffés "Tu dors chez qui, c´week-end ? Chez ton père ou ta mère ?" Bah j´vais plutôt squatter chez mon frère C´est mon cocon, mon nuage de coton Ma nièce et moi, on joue, et j´lui fredonne des chansons
J´apprends la gratte, c´est ma seule activité Pour oublier qu´mon premier amour m´a quitté Mémé est morte, pépé radote On joue aux cartes à deux, j´aime bien quand on papote Premier jour de taf : la vie me baffe, je cherche en vain ma place Dans le métro, j´angoisse ; le soir, je déprime dans mon sas Ma famille s´est éparpillée On m´prend déjà pour une adulte, moi, j´ai rien vu arriver Laissez-moi tranquille, par pitié, j´veux juste retourner Sous ma couette pour échapper à la réalité, faut qu´j´arrête J´pousse la porte du studio, un casque sur la tête
Mon frère est avec moi et, là, ça rec On a beau dire, on a beau dire que le temps passe vite On s´en rend compte toujours trop tard Nos souvenirs s´effritent, on attend la suite On fait des p´tits tas d´ces instants trop rares