J´suis qu´une pauvre petite terrienne, de passage comme tout le monde, une petite pousse, une mauvaise graine qui veut pas entrer dans la ronde. J´colle pas à l´air du temps, pour leurs beaux yeux j´vais pas me forcer à faire comme-ci,
à faire semblant, sauter de joie,sourire et danser, comme une vieille plante je me traine, j´ai dû oublier d´être heureuse, des fois j´me jetterais bien dans la Seine mais à vrai dire j´suis trop peureuse, j´ai peur de l´eau, c´est ridicule alors pour noyer ma peine j´retiens mes larmes et c´est l´alcool qui coule à flot dans mes veines. Toi t´es qu´un air, mais l´air de rien tu m´as sorti de mon sommeil, t´es venu me v´voir un beau matin t´as fait toc-toc dans mon oreille, j´étais quelque part dans ma chambre, seule sous les cent bouteilles, d´ordinaire j´veux rien entendre mais là j´crois qu´c´était pas pareil, il a du se passer quelque chose quand j´ai entendu tes quatre notes,
d´un coup j´ai appuyé sur pause, pour toi j´ai entrouvert ma porte, après j´me souviens plus très bien, ça tourbillonne dans ma tête, un courant d´air et l´air de rien t´as du retourner sur ta planète. Depuis ce jour là, chaque nuit, qu´il pleuve, qu´il neige ou qu´il fasse beau, j´ouvre grand ma fenêtre et j´me dit qu´il reviendra p´tètre mon air vieillot, mille et une bouteilles vides, j´compte plus les verres ni les étoiles, j´t´appelle à l´aide, les yeux humides, j´ai posé mon orgueil sur la table, dis-moi pourquoi tu descends pas me chercher ? Là j´suis à sec, seule sous mon toit, j´ai besoin de quelque chose à qui parler, j´veux que tu m’emmènes, juste un instant,
non j´te demande pas l’éternité, quelques minutes volées au temps, le temps d´me sentir exister, j´veux qu´tu me parles, j´veux que tu me dises même des mots qui n´ont aucun sens, tant pis si c´est moi qui cause, j´veux bien qu´tu m´offres que des silences, j´veux que tu me prennes, j´veux que tu m´enlèves, j´veux que tu m´arraches de cette terre, et si tu sais lire sur mes lèvres, tu m´entendras p´tètre dire je t´aime, je l´ai jamais dit à personne, sauf p´tètre un jour à mon chien. J´aime pas la vie, j´aime pas les hommes, tous des vauriens, tous des terriens. J´veux que tu m’emmènes sur ta planète, j´ai besoin de changer d´atmosphère,
j´veux que tu m’emmènes sur ta planète, ici j´commence à manquer d´air.