Cimetière de Charleville, cimetière d´Auvers-sur-Oise Mon âme funérailleuse me fusille le cerveau Il est fini le temps des laudanums-framboise & le temps des visites au corbeau d´Allan Poe
Voici la voile noire du navire de Thésée Qui me déchire les yeux au large de Sounion Où un stupide anglais prétentieux a gravé Comme un vulgaire touriste le nom de Lord Byron
Le jeu de la folie est un sport de l´extrême Qui se pratique souvent au bord des précipices Où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes Des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
Ne m´attends pas ce soir car la nuit sera noire & blanche, illuminée, rue de la Vieille Lanterne Où Nerval a pendu son linge & sa mémoire Sous le regard des dieux, au bout d´un drap en berne
Je rêve de transparence & d´épouvantes mystiques Le long de la frontière qui jouxte l´inconnu En traînant mon cadavre & mon vide pathétique & ma douleur femelle sur mon dos de bossu
Le jeu de la folie est un sport de l´extrême Qui se pratique souvent au bord des précipices où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes Des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices
Baudelaire est mort hier, à onze heures du matin, En zoomant d´apaisantes nuées crépusculaires, Fatigué d´un été qui le rongeait sans fin & de l´hargneuse odeur des furies sanitaires
Moi, je pars pour Dublin sur un nuiteux cargo Qui traverse le temps perdu de la sagesse
& rejoins le bateau ivre d´Arthur Rimbaud Dans le flux des bateaux tankers d´Arthur Guiness
Le jeu de la folie est un sport de l´extrême Qui se pratique souvent au bord des précipices Où dans les yeux des filles au bout des couloirs blêmes Des labyrinthes obscurs aux fumeux artifices