Clichés de poubelles renversées Dans la neige au gris jaunissant Où un vieux clébard estropié R´niffle un tampon sanguinolent Givré dans la nuit de Noël
Un clocher balbutie son glas Pour ce pékin dans les ruelles Qui semble émerger du trépas Il vient s´arrêter sur la place Pour zoomer quelques souvenirs Fantômes étoilés de verglas Qui se fissurent et se déchirent Ici y avait un paradis Où l´on volait nos carambars Maint´nant y a plus rien mon zombi Pas même un bordel ou un bar Voici la crèche municipale Sous son badigeon de cambouis Où les générations fœtales Venaient s´initier à l´ennui Cow-boys au colt 45 Dans la tendresse bleue des latrines On était tous en manque d´indiens
Devant nos bols d´hémoglobine Voici l´canal couvert de glace Où l´on conserve les noyés Et là c´est juste la grimace D´un matou sénile et pelé Mais ses yeux sont tellement zarbis Et son agonie si tranquille Que même les greffiers par ici Donnent l´impression d´être en exil Voici la statue du grand homme Sous le spectre des marronniers Où l´on croqua la première pomme D´une quelconque vipère en acné Et voici les murs du lycée Où t´as vomi toutes tes quatre heures En essayant d´imaginer Un truc pour t´arracher le cœur Mais t´as jamais vu les visages
De tes compagnons d´écurie T´étais déjà dans les nuages A l´autre bout des galaxies Trop longtemps zoné dans ce bled A compter les minutes qui tombent A crucifier de fausses barmaids Sur les murs glacés de leurs tombes Un camion passe sur la rocade Et le vent du Nord se réveille Mais faut pas rêver d´une tornade Ici les jours sont tous pareils