Là-haut dans le séjour des Immortels Où les hommes glorieux
Sont, un jour égaux des Dieux Dans l’or du plus léger de tous les ciels Rangé comme au défilé Planait un cortège ailé Quels étaient-ils : aigles géants ? Ou bien Archanges ? Des oiseaux étranges ? De pures phalanges ? Oui, tout ce-là ! Héros d’Hiver, les fous d’Espagne Dont l’âme unique au ciel de France, en vibrant passe Grands Martyrs, As vainqueurs, Vivant dans la gloire et dans nos cœurs ! O précurseurs, vous, fils d’Icare Survolez, orgueilleux Répondant au défi des cieux ! Planez, soldats qu’un rayon pare
Vous, Pilots fameux De l’autre Bagarre ! Dans le bruit assourdi de leur vol apaisé Comme à l’heure où la Mort leur donnait son baiser Le font pâle on les vit : là, Coli, Nungesser Ici, Preux de la nue : un Mermoz ! Guynemer ! Anges à l’œil clair Fiers gardiens de l’air En leurs escadrilles de fer Sonnez voix d’airain De la Marne au Rhin ! Et toi, Soleil, resplendis sur leurs traces Nos héros passent ! Aînés vainqueurs, vingt-cinq ans ont passé Comme s’il n’était assez Sur nos champs de sang versé Un homme, un seul, en son orgueil dément
Vint oser cyniquement Jeter le masque Allemand Et sourd à la stupeur qui fit frémir la Terre Tel l’autre, naguère Il voulut SA guerre ! Sa guerre, à lui, c’est la terreur, et fer et flammes ! Sa guerre, à lui, c’est bombarder enfants et femmes : Tous là-haut ! En avant ! Et nos As on foncé dans le vent ! Anciens, nouveaux, beaux volontaires Montez à votre tour Ils rodent par là, les vautours ! Hardi ! Chasseurs faites les taire ! Voyez luire, au retour Une croix de guerre !
Puis la ville s’endort L’équipage, en la nuit Patrouille, interrogeant chaque étoile qui luit Comme un piège Et, soudain, la sirène hurlant ! L’ennemi la poursuite Il tombe, atteint ! Flambant Les voix de là-haut Semblent aux échos Crier : Merci pour le Drapeau ! Chantez, voix d’Airain Pour la garde au Rhin ! Salut à vous, Ailes de l’Espérance Ailes de France Aux champs, sonnez clair ! Pour l’Armée de l’Air