Mère d’Amour, Venus la belle, Que n’as tu mis en ta tutelle Du beau may le mois vigoureux ? Si l’avril a pris ton coeur tendre, Au moins ton fils Amour dust prendre
Du doux May le temps amoureux.
May, qui non seulement devance, Avril en douceur et plaisance, Mais qui seul encore vaut mieux Que tout le reste que l’an dure, Gâté de chaud ou de froidure, Tant tu es doux et gracieux ;
May, le plus beau moys de l’année, Montre la teste couronnée D’un printemps d´odorantes fleurs, Mene ta bande allégresse, Le Ris, le Jeu et la Jeunesse : Chasse le soin et les douleurs.
Bien qu’Avril de Venus se loue, Qui le célèbre et qui l’avoue,
Si le surpasses tu d’autant Que le bouton clos de la rose Est moindre que la rose éclose Qui sa fleur au soleil étand ;
D’autant que la frêle espérance Est moindre que la jouissance, Entre deux amants bien appris ; D’autant que ma dame surpasse Parfète en toute bonne grâce, Les beautés de plus rare prix.