Francine a si bonne grace, Elle a si belle la face, Elle a les sourcis tant beaux, Et dessous, deux beaux flambeaux, De qui la clarté seréne
Tout heur ou m´oste ou m´améne. La belle n´a rien de fiel, Elle est tout sucre et tout miel, Et l´aleine qu´elle tire Rien que parfuns ne respire. Son baiser delicieux C´est un vray nectar des dieux : Elle est tant propre et tant nette, Elle est en tout si parfette, Elle devise tant bien, Elle ne se coupe en rien. Ce n´est qu´amours et blandices, Mignardises et delices : Elle sçait pour m´enchanter Si doucettement chanter, Atrempant sa voix divine, Les baisers de ma Meline Et tout cela que Ronsard
A chanté de plus mignard. Elle sçait les mignardises Qu´elle a de nouvel aprises De Tahureau tendrelét Plus que vous mignardelét. Elle sçait ces mignardises, El´les a par coeur aprises, Du chant en ravist les cieux, Et, je croy, les feroit mieux. Il n´est histoire ancienne Dont elle ne se souvienne : En amours il n´y a rien Qu´elle ne sçache fort bien. Nul ne fait plus d´estime De quelque excellante rime, Nulle ne voit mieux un vers Quand il cloche de travers. Qui choisiroit une amie
De graces mieux acomplie, Quand si heureux il seroit Qu´elle le contraimeroit ? Toutefois tousjours Peruse Envers moy tousjours l´acuse, Et m´engarder il voudroit D´aimer en si bon endroit. Quoy ? S´il me vouloit reprendre, Quoy ? S´il me vouloit deffendre, (Mais en vain) d´aimer mes yeux, Ou chose que j´aime mieux ?