Maître Corbeau, notaire à Coulommiers Tenait en son bec un million Juliette Renard, par l’odeur alléchée Lui tint à peu près cette chanson :
— Hé ! Bonjour, maître Corbeau, que tu me sembles beau. Sans mentir, je vais même te le dire : Je t’aime.
Maître Corbeau avait cinquante-sept ans Une femme et quatre enfants Et des terres, des lacs, des étangs
— Enlève un peu ton chapeau ; tu es beau, tu es beau.
Et cet argent — enfin, d’après les gens — Il le tenait de ses parents Qui, toute leur vie, avaient grippé des sous comme lui Pour faire un million d’aujourd’hui
— Quand tu sors de ton bureau, viens dans mon studio, rue des Grands-Manteaux, c’est au sixième. Je t’aime.
À ce mot, maître Corbeau ne se sent plus de joie et ouvre tout grand ses bras
— Avoir vingt ans dans tes bras, c’est extra, c’est extra.
On ne lui avait jamais parlé comme ça Et, bien sûr, il donne tout ce qu’il a : Ses maisons, ses actions Son beau million
Maître Corbeau, ayant bientôt tout croqué Se mit alors à escroquer Maître Corbeau, notaire à Coulommiers
Est bibliothécaire à la Santé
— Je m’en vais, maître Corbeau, avec un autre oiseau. Cette leçon vaut bien un million sans doute.
Et là-dessus, Juliette Renard ajoute : Heureusement, ta femme est un ange Elle t’apportera des oranges
— Dans le fond de son cachot, qu’il est beau, qu’il est beau.
Quand il eut fait quinze ans, plus deux ans de mitard Gabriel Corbeau, tout confus Jura, mais un peu tard Qu’on ne l’y prendrait plus