J´ai vingt ans j´improvise T´as trente ans tu m´ méprises T´as quarante et tu m´ vends ta ch´mise Soixante ans tu révises Quatre-vingts tu balises
Après ça tu fais ta valise
À dix ans c´est très bien À vingt ans on est rien À quarante on est deux fois rien À quarante-cinq on s´ plaint On croit qu´on est quelqu´un Après ça on n´ croit plus à rien
À cinq ans on est môme À vingt-cinq ans on chôme À trente-cinq on s´ monte un royaume À quarante-cinq on s´ paume Dans la chasse aux fantômes On essaie d´ faire briller les chromes
À vingt ans on s´ figure À quarante on s´ rassure
À soixante on n´est plus très sûr À quatre-vingt on dure On fait quelques ratures Et puis on tombe comme un fruit mûr
À vingt ans on roucoule À trente on fait la foule Quarante arrive et on s´ défoule À cinquante ans on coule À soixante on s´écroule Après on s´ couche avec les poules
À vingt ans on s´apprête À penser à la r´traite À quarante on y passe la tête Quand on l´a on regrette D´avoir perdu toute cette Vie à penser qu´à la galette
À vingt ans on s´affiche À trente ans on s´ défriche À trente-cinq on joue et on triche À quarante faut être riche Pour s´ lever quelques biches Qu´ont l´ souv´nir qui traîne sous les miches
À vingt ans on fricote À vingt-et-un on pelote À vingt-deux on s´ pique et on frotte À trente-six on radote À quarante on s´ tricote Une panoplie de vieille cocottes
Jusqu´à six mois on tète Après on s´ fait une tête Une belle figure de gens honnêtes
Jusqu´à trente ans on prête Ensuite on a des dettes Ça suffit pour être un poète
On vient l´ crâne en premier On s´en va par les pieds Sans prendre le temps d´ les essuyer On s´ dit pour s´ consoler Qu´on en a profité On est con comme à l´arrivée