C´est dans la rue que s´ joue la vie De la terrasse d´un bistrot On assiste à une comédie Et c´est moins cher qu´à Bobino Mais quand je dis une comédie
Il ne faut rien exagérer D´abord s´il arrive qu´on en rie On voit vite que c´est pas très gai C´est pas qu´il s´y joue de grands drames Du genre qu´à écrit c´ con d´Anglais Non, plutôt des p´tites scènes minables Qui, sur le coup, font rigoler Qui, sur le coup, font rigoler
Avouez que les travers des autres Leurs tics et leurs accoutrements, Manies qui sont aussi les nôtres C´est ça qui plait surtout aux gens L´ distrait qui regarde souvent sa montre Avant qu´ l´heure n´ait eu l´ temps d´ changer Sans voir que vient à sa rencontre C´ poteau qu´il va pas éviter La femme qui fait du lèche-vitrines
Sans bien savoir c´ qu´elle va lécher La marchandise ou sa bobine Tant elle insiste sur son portrait Tant elle insiste sur son portrait
Le pépé qui parle tout seul Car c´est devenu une habitude Il s´ confie et même y s´engueule Et ça meuble sa solitude Le vieux beau qui sonde les minettes D´un regard à les déshabiller Et qu´arrête pas d´ tourner la tête Sans voir dans quoi il a marché Il y a la femme bon chic bon genre La petite bourgeoise hypocrite Qui s´ retourne sur une paire de jambes En rêvant d´amours interdites En rêvant d´amours interdites
Le loubard qui prend le trottoir Pour le désert du Nevada Avec dans chaque œil une pétoire Mais qui f´rait pas d´ mal à un chat Parisien qui, au bord de mer S´habille marin pour faire plus vrai Il s´rait déjà six pieds sous terre Si le ridicule devait tuer Poivrot qui traverse la rue Comme une espèce de courant d´air Dont la démarche change à vue Un figurant entre deux verres Un figurant entre deux verres
Celui qui marche les yeux baissés Cherchant son image sur le trottoir Le regard perdu dans ses pensées
Et qui au fond ne peut rien voir Le type heureux qu´a le sourire Mais sous le masque on lit la rage De n´ pouvoir rattraper sa vie Même en joggant malgré son âge Les deux fofolles qui papotent Qu´on entend cent mètres à la ronde La mémé dont l´ parfum emporte Et qui cherche à tromper son monde Et qui cherche à tromper son monde
Pour s´ rassurer on imagine Une suite logique à leur histoire On leur invente une déprime Quand ils rentrent chez eux le soir Faut pas s´ leurrer, on est d´ la liste De ces comédiens fabuleux Et dès que l´on s´ra sur la piste
On ne f´ra sûrement pas mieux qu´eux Car la terrasse c´est la coulisse Quand on la quitte on rentre en scène On endosse son habit d´artiste Pour jouer la comédie humaine Pour jouer la comédie humaine