C´est là qu´on apprenait le métier de la scène Devant des spectateurs qu´il fallait embarquer Ce n´était pas gagné autant qu´il m´en souvienne Je vous parle d´un temps que l´on dit oublié
Le cabaret, pour nous, c´était notre sésame Car jadis cet endroit voulait dire chanson Et quand j´entends les noms de Nantes ou de Paname Même encore aujourd´hui monte en moi l´émotion
Et du Bateau-lavoir jusqu´à la Contrescarpe Des refrains de là-bas me reviennent parfois "Le phare", "Adélaïde", "Syracuse", "Les chats" Le fond de l´air est doux pourtant j´ai un peu froid
Sur trois mètres carrés on chantait nos histoires Dans le rayon blafard d´un petit projecteur Le silence déjà était une victoire Le public est très bon ce soir, il a du cœur Et l´on s´en retournait riches de nos vingt balles
De ces larges sourires et ces regards brillants Certains d´avoir trouvé la pierre philosophale Certains, peut-être aussi, qu´on avait du talent
Mais du Bateau-lavoir jusqu´à la Contrescarpe Le marin de Toulon n´a plus d´accordéon La servante du château a perdu son écharpe Tous les deux sont partis vers un autre horizon
Et ainsi tous les soirs on larguait les amarres Pour une traversée jusqu´au petit matin On ne le disait pas mais on rêvait de gloire Cinquante ans ont passé, mon Dieu , que ça fait loin Frangines de colères, de rires et de tendresses Les guitares se sont tues et les chansons aussi C´était la vie d´artiste, c´était notre jeunesse
Mais y a plus de cabarets, y a que des académies
Et du Bateau-lavoir jusqu´à la Contrescarpe Mon pote le gitan a déserté les lieux Mes amis d´autrefois prêtez-moi votre écharpe Pour que dans la froidure je chante encore un peu
Et du Bateau-lavoir jusqu´à la Contrescarpe Même s´il pleut sur Nantes, il y aura toujours "Le phare", "Adélaïde", "Syracuse", "Les chats" "Mon pote le gitan", "Mes amis, mes amours"