Moi qui pâlis dans vos écoles Moi qui frise les dix-sept ans Le miteux de la cambriole Dans vos magasins éclatants Moi qui gaspille ma jeunesse
Qui file du mauvais coton Moi le voyou de vos gonzesses Moi le désespoir en bourgeon
Je n´ veux pas de vos ragougnasses Je n´ s´rai jamais le chien savant De vos casernes dégueulasses Où l´on prépare au régiment
Moi qui frise la quarantaine Moi l´éternel adolescent Qui réclame un peu d´oxygène Dans le brouillard envahissant Moi qui miaule et qui vocifère Du fond d´ mon pavillon de banlieue Le corniaud, le chat de gouttières Le poète, le chien galeux
Je n´ veux pas de vos ragougnasses Je n´ serai jamais silencieux Dans vos usines dégueulasses Où l´on devient chiffon piteux
Moi qui frise la soixantaine Qu´on va retirer du boulot Avec une retraite à peine De quoi crevoter comme il faut Moi le refus de vos hospices Il me suffit d´un oreiller Le bouquet des femmes complices Et le bouquet de l´amitié
Je n´ veux pas de vos ragougnasses Je mettrai mes crachats fielleux Dans les gamelles dégueulasses Où vous faites manger les vieux
Moi qui frise le grand voyage Au bout de l´allée des cyprès Qui doit bientôt plier bagages Pour les pays des plus jamais Qu´on veut descendre d´un étage Qu´on veut retirer du trafic Qu´on veut savoir enfin bien sage Et bien respectueux des flics
Je ne veux pas de vos habitudes Je veux rester vieillard infect Je n´ai pas fini mes études Je n´aurai pas la fin correcte