Dans ces matins brouillés d´automne qui s´attarde Quand la brume hors du lit de ces fleuves traînants Étend ses draps glacés et qu´elle nous regarde
Saisir entre ses plis des mirages d´argent Quand un soleil vaincu tremble un peu sur nos têtes Et qu´il ne reste plus que ce vieil arbre à voir S´évaporer chagrin comme l´ombre d´un squelette D´un signe fait de loin dans un creux de hasard
Le Nord, il existe peut-être Et il va quelque part au fond des rues brouillées
Quand je te parlerai de la plaine étendue Sans une cicatrice entre quelques maisons De ce vent de janvier gerçant tes lèvres nues Quand ton regard se glisse au ras de l´horizon Avec un ciel gonflé d´une éternité grise Si lourd sur le sentier à l´heure du pardon Quand il ne restera que cette seule église
Dressée contre l´effroi dans l´espace prison
Le Nord, tu l´entendras peut-être Passer avec le vent entre les peupliers
Ces villages étirés où des rues s´engourdissent Un pas de paysan attaché à sa terre La raideur étonnée des beffrois de jadis Les usines à présent les prennent à revers Dans ces villes parfois s´invente un air de fête On reprend pour un jour tous ses rêves d´avant On parle quelquefois, on tremble et on s´arrête Avec ce bonheur lourd coincé entre les dents
Le Nord, tu t´en souviens peut-être Il te revient parfois étrange et familier