Elle avait la beauté sauvage d´une louve Qui viendrait d´un pays de lacs et de forêts Où la neige est brûlée par un grand soleil rouge Un peu de la Norvège qu´aurait trop dérivé
Elle avait dans les yeux les éclairs de l´orage Au cœur tant de blessures qu´on ne peut les cacher Elle avait l´air d´avoir trop vécu pour son âge Et pourtant cette allure qu´on appelle fierté
Il est venu du nord le grand loup solitaire À l´écart du village rêvant de son pays Où le soleil très pâle fait l´amour à la mer Quand le ciel se repose en prolongeant la nuit On lui avait tant dit de se méfier des hommes Qui ont l´âme du poète mais la main du chasseur Qu´il suivait son chemin, ne parlant à personne Comme un enfant qui sent monter en lui la peur
C´est par un soir d´hiver rempli d´incertitudes Lui descendait du nord, elle venait de là-bas Qu´ils ont d´un long regard croisé leur solitude
Ensemble ils sont partis pour les pays du froid Nul ne saura jamais pourquoi cette rencontre Ni comment ce soir-là, ils se sont reconnus Quand le vent vient du nord la légende raconte Les mots qu´ils se sont dits quand ils ont disparu
Il lui disait "Je t´aime comme un beau paysage Comme la symphonie d´un soleil de minuit Tu es ma Mer du Nord, mes tempêtes, mes rivages Mon lac et ma forêt, ma source qui jaillit Tu es mon île au large et mon plus beau voyage Je regarde le monde au travers de tes yeux Tu es mon avenir et mon dernier ancrage" Alors elle a souri, au fond d´elle un grand feu
Puis elle a pris sa patte et dit "Je t´aime itou" Et tous deux sont partis vivre leur mort du loup