Vieillir c´est garder sa jeunesse comme un beau souvenir C´est s´habituer à vivre un peu au ralenti Réapprendre son corps pour pouvoir s´interdire Ce que la veille encore on se savait permis
Se dire à chaque fois lorsque l´aube se lève Que quoi que l´on y fasse on est plus vieux d´un jour A chaque cheveux gris se séparer d´un rêve Et lui dire tout bas un adieu sans retour
Vieillir c´est se résigner à rester sur le rivage Espérer pour ses fils un avenir heureux C´est vivre dans son coin sans devenir sauvage Se laisser ignorer tout en restant près d´eux Et c´est pouvoir enfin apprivoiser l´amour Faire une symphonie aux accords de sagesse C´est aimer une femme pouvoir lui faire la cour Pour d´autres raisons que la plastique de ses fesses
Vieillir ce n´est plus faire l´amour mais c´est faire la tendresse
Ce n´est plus dire encore c´est murmurer toujours C´est sentir dans sa main une main qu´on caresse Et trembler à l´idée qu´elle vous quittera un jour Vivre dans un jardin où l´on peut s´attendrir Se prendre par le cœur et lui dire je t´aime Avouer qu´on l´a trompée mais osera-t-on lui dire Quand on sait maintenant qu´on s´est trompé soi-même
Vieillir c´est s´inquiéter soudain du salut de son âme Entrer dans une église sans bien savoir pourquoi De tous les Saints Patrons devenir polygame Et avoir des frissons en regardant la croix C´est ignorer la fin d´un sketch qu´on a écrit Vouloir rejouer encore devant ses spectateurs
En cherchant une réplique ou bien un mot d´esprit Tout en sachant très bien qu´on en n´est pas l´auteur
Vieillir c´est s´en aller un jour sans jamais faire de vagues En une heure, un endroit qu´on ne choisira pas Sentir un soir quelqu´un qui souffle votre flamme Disparaître doucement parce que c´est comme ça Vieillir... Vieillir...