{Elle:} C´était un soir d´été, ébroué de soleil Un comme on n´en fait plus, vraiment un autre monde Il vendait des ice-creams aux clients des hôtels
Aux jeunettes dorées, mais moi, j´étais trop ronde
Un cornet de citron et ses lèvres groseille Un petit pot de fraise, une œillade profonde Puis, du bout de ma langue attirer ses prunelles À plonger dans mes seins, à peine, une seconde
{Lui:} Le mien ne vendait rien, mais c´était bien l´été Enfin, je renaissais de mes nuits de carême Lui, il était gourmand, un souffle d´affamé Et le goût persistant du sel sur nos peaux blêmes
Et ses larmes rentrées, et ses cris effarés Quand je mordais sa joue, quand je hurlais "Je t´aime !"
Et ses manières gauches, un peu désabusées {Elle:} Cela concorde bien, c´est peut-être le même
C´était un soir d´été, ça dura peu de temps Il avait, paraît-il, une vie pas facile Dans la poche : une femme, peut-être des enfants Il valait mieux ne pas faire la difficile
{Lui:} C´était bien en été, mais dans une autre ville Et le prénom diverge, ce n´est pas évident Celui que j´ai connu avait de si longs cils Et il mettait pour jouir à peine trop de temps
Il m´appelait mon ange {Elle:} Il m´appelait mon ange
Notre enquête progresse {Lui:} il m´appelait Pacha Trésor, Petit Panda {Elle:} Madame de Volanges, Certains jours Albator, {Lui:} Moi, la nuit, Lolita
Un peu trop vaniteux, {Elle:} Un peu trop tête-en-l´air Qui grave des serments Et puis qui disparaît, cruel {Lui:} Indifférent {Elle:}
Un côté monte-en-l´air {Lui:} Oui, mais quand il te prend Il te perce à l´aimer
Quelle étrange rencontre qui aujourd´hui libère Un fantôme entre nous {Elle:} Mais laissons-le passer Qu´importe si c´est lui ou un autre ou son frère Nous trouverons, je crois, de quoi nous consoler
Quel curieux hasard, qui ce soir donne chair À ce vieux souvenir {Lui:} Mais laissons le passé Qu´importe si c´est lui, abandonnons l´affaire
{Ensemble:} Nous saurons, vous et moi, comment nous consoler !