Au bar de l´Étoile Rouge Il y a bien longtemps Je servais des canons de rouge Aux potes à maman Ça s´enivrait à la gloire
Du kir et des communards Rêvant du Grand Soir Je m´souviens de Vassiliev Parti en dix-sept à Kiev Donner vie au rêve Pauvre moujik qui, autrefois, N´possédais pas même tes mains Il ne te resta qu´un bras Au moins, c´était le tien
Gais rossignols Cerises et carmagnoles Quels chœurs, quels luths Rechanteront ces luttes Pour ressusciter les Rouges Du bar de l´Étoile Rouge ?
C´est en trente-six que Pablo
S´en alla bâtir L´avenir et les châteaux Sur l´Guadalquivir Il tomba sous la mitraille En braillant à plein poitrail "Ay Carmela ay" Puis Anna chez Benito A fait changer le tempo Ô bella ciao, ciao, ciao ! L´hymne eut raison de l´idole Bottes en l´air et nez au sol Mais toutes ces cabrioles Rendirent Anna folle
Et mon index Trempé dans le Jerez Sur le mur blanc Traça "No pasaran"
En hommage à tous les Rouges Du bar de l´Étoile Rouge
Au bar de l´Étoile Rouge Reste plus que moi Une vieille que les canons d´rouge Ne mettent plus en joie Il y a toujours sur le mur Écrit le cri des purs et durs Mais chacun s´en moque "No pasaran, c´est du passé" Me disent des clients pressés Faut changer d´époque Mais même si ce goût de goulag Dans mon verre en cristal de Prague M´a tiré des pleurs L´avenir est-il si radieux Que l´on oublie celles et ceux
Qui l´ont rêvé meilleur ?
Anna, Pablo, Vassiliev, de là-haut De tout là-haut Prév´nez vos petits frères Que le bar Même tard Restera ouvert