Il s´est montré vêtu de lin A la blancheur de lait Ses yeux frais comme le matin Sous ses paupières languissaient, Et les roses tendres de ses joues
Bénissaient qui les a créées, Je le regardai d´un regard fou Et lui parlai d´une voix brisée "Pourquoi passes-tu sans me voir Alors que je consens à me livrer Entre tes mains aux doigts d´ivoire, A te faire don de ma liberté ?"
Il me répondit "Regarde en silence L´objet de tes instances Blanc est mon corps, blanc est le lin Blanc mon visage et blanc mon destin C´est Blanc sur Blanc Et Blanc sur Blanc"
Il s´est montré dans un habit Rouge comme ses procédés cruels. Enflammées par le vin et l´envie
Mes paroles devinrent un appel : "Pourquoi, lui dis-je, malgré ton teint Blanc comme l´astre de la nuit Rougissent tes joues de satin Colorées par le sang de ma vie ?"
"L´Aube me prêta son vêtement, Dit-il, mais le Soleil lui-même A prêté ses dards ardents Pour habiller celui qu´il aime Regarde, regarde sans rien dire L´objet de ton désir Rouges sont mes joues, rouge mon habit Rouges mes lèvres et le vin qui les unit C´est Rouge sur Rouge Et Rouge sur Rouge"
Il s´est montré vêtu de noir
Noir comme la sombre nuit Ne daigna me donner un regard Peu soucieux de mes soucis Et je lui dis "Ne vois-tu pas d´ici Exulter mes envieux et rire mes ennemis Qui voient ton abandon et voient mon désespoir ? Ah ! Je le sais bien que tout n´est plus que noir Noirs sont tes yeux, noire ta chevelure Noir ton habit et noire ma déchirure C´est Noir sur Noir Et Noir sur Noir"